Notre ami Horace disait, il y a un certain temps déjà: « Carpe Diem ».
En gros : Cueille le jour présent, quam minimum credula postero (sans te soucier du lendemain - pour les incultes).
Oui
alors il me fait bien rire l’Horace et même si ce genre de petite
phrase, peu faire des films sympas (« Le cercle des pouets disparus », à
l’époque j’étais ado alors, forcément, j’ai adhé et ado-ré ), ça ne
colle pas forcément aux aléas de la vie : va vivre le moment présent chez ton dentiste !
Pour
tout dire, alors que j’étais sur son fauteuil en train de me faire
détartrer (je sais, dans l’absolu, ce n’est pas grand-chose, mais en
même temps, je me suis souvenu pourquoi j’avais laissé passer autant de
temps depuis le dernier détartrage) ! Ce n’est ni zen, ni apaisant, ni
excitant. Bref, ce n'est pas tendance ! J’en étais tout de même arrivé à
penser que finalement, je serais bien mieux dans ma cuisine en train de
faire le ménage. Car oui, le vendredi matin, c’est ménage dans la
cuisine/sdb (le lundi/repassage-le mardi/courses-le mercredi/taxi pour
muuuuultiples activités-le jeudi/laver tout par terre, ranger tout
partout...). Je sais, dit comme ça, ça fait Bree Van de Kampf (la
psychotique du bon ordre chez les Desperates Housewifes, moi qui ne suis
ni psychotique - ou pas encore - ni ne sais garder ma maison en ordre) n’empêche, rien à ce moment là ne m’orientait à penser qu’un poète romain avait écrit un beau concept et que c’était le moment d’en profiter !
Moralité, ce n’est pas parce que c’est dit en latin que ça te fais du bien !
J’ai une variante : le latin dans le texte, ça dépend du contexte !
Bon, en gros, Carpe Diem, c’est bien sympa, mais c’est quand on peut !...
Tiens, d’ailleurs, autre situation où franchement, la théorie d’Horace, c’est du bidon : tomber en panne (de batterie) sous le tunnel de Fourvière (du coup, forcément, en plus du fait que tu ne roules plus, t’as même plus tes warning !...Voir les chroniques ahurissantes de ma 205).
Bon, en même temps, tout est relatif: quelque part, tu es un peu obligé
de le vivre à fond ton moment présent, parce qu’avec un peu pas de bol,
c’est peut-être le dernier (pour tout dire, comme coup de la panne que je me suis fait toute seule, celui-là, hou là là qu’il était terrifiant !)
Il
y a un truc aussi, où à chaque fois que je le fais, je me demande
pourquoi je m’inflige ça, du coup, plutôt que d’en profiter comme Horace
donc, j’ai juste envie d’en finir : regarder «Alien» !
Pourtant, je l’ai vu carrément gamine ce film ; il n’empêche qu’il est
toujours aussi bien foutu et aussi flippant et aussi dégueu…
C'est
comme cet autre moment où tu te demandes toujours ce que tu fais là :
le manège où t’as voulu monter parce que tu t’es dit que ce n’est
surement pas si terrible et en fait, c’est vraiment si terrible
que le moment présent, tu le passes juste à essayer de ne pas vomir ton
pâté végétal du midi sur le marmot d’à coté qui lui, se fend la poire
mais c’est sans doute parce qu’il tient à épater sa copine qui elle, est
restée sagement à coté de la caisse (elle, elle lit les philosophes
grecques, pas les poètes romains).
Le
cadeau du jour: la réflexion à haute voix et teinté d’angoisse de
Lili-Puce devant le manège du grand-huit: « OUF QUE JE SUIS TROP
PETITE !!!... » (tu fais moins d’un mètre vingt, tu montes pas dans le train).
Au moins, il y en a qui connaissent leurs limites !
Et l’histoire du jour, spéciale « vivre à fond le moment présent…mais quand on peut » :
Un
docteur téléphone à son patient. Il lui explique qu’il a une mauvaise
nouvelle ET une TRES mauvaise nouvelle à lui annoncer. La première,
c’est qu’il ne lui reste plus que 24 heures à vivre…La seconde…c’est que
ça fait déjà un jour qu’il essaie en vain de le contacter !!!
…Et
la nuit, tiens, comment tu l’appliques ton Carpe Diem ? Tu mets ton
réveil toutes les heures, du coup, chaque fois que tu te réveils, tu
peux te dire : « Chouette, il me reste 6 heures à dormir…chouette, il me
reste 5 heures à dormir… ». Sadique comme technique.
Bref, profiter et être heureux, et bien conscient d'être heureux tout le temps, dans l’absolu, ça peut être astreignant !